Rétro : PowerBook G3


Parce que j’aime bien l’histoire de l’informatique en général et celle d’Apple en particulier, il m’arrive de récupérer d’anciens appareils (surtout des Mac) afin de les conserver et de tester des choses avec. Et donc, pourquoi ne pas faire une série d’articles “Rétro” à leur sujet ?


Aujourd’hui, parlons du PowerBook G3 :

Bienvenue en 1999 !

Pour être précis, ce PowerBook fait partie de la période PowerBook G3 Series (également nommé “Wallstreet”, le nom de code de cette famille de machines) qui s’est étendue de sa sortie en mai 1998 jusqu’au PowerBook G3 Series “Wallstreet II”, ou “PDQ”, dont la vente s’est arrêtée en mai 1999.

Quel est le modèle exact de ce Mac ?

Les indications au dos du PowerBook donnent déjà la première information : “PowerBook G3 Series”. Seuls les PowerBook G3 “Wallstreet” ont été nommés ainsi. Les PowerBook précédents étaient simplement appelés PowerBook G3 (sans le “Series” donc).

Leurs successeurs, les PowerBook G3 “Lombard” sortis en 1999 étaient simplement appelés PowerBook G3 (comme avant le “Wallstreet”), et le “Pismo” sorti en 2000 était simplement appelé PowerBook.

Rendez-vous compte ! 233 MHz !

Au départ, j’ai pensé que c’était la première génération de “Wallstreet” de 1998, à cause de la taille d’écran de 12,1 pouces. Problème : le modèle 12,1 pouces n’avait pas de mémoire cache L2, hors celui-ci en a 512 Ko 😮

En regardant d’abord sur Wikipédia, j’ai vu que la révision du “Wallstreet”, nommée “Wallstreet II” ou “PDQ” avait un modèle avec processeur PowerPC G3 à 233 MHz doté de 512 Ko de cache L2.

https://en.wikipedia.org/wiki/PowerBook_G3

Pour l’anecdote, PDQ veut dire Pretty Damn Quick. Ça viendrait de la volonté de Steve Jobs que les ingénieurs travaillant sur le projet “Wallstreet” corrigent les problèmes du modèle commercialisé le plus rapidement possible (“pretty damn quick”).

Problème : le “PDQ” n’était vendu qu’avec un écran de 14,1 pouces, soit 2 pouces de plus que mon PowerBook 🙂

Finalement, la révélation viendra de LowEndMac :

https://lowendmac.com/2014/low-end-macs-compleat-guide-to-wallstreet-powerbooks/

Le processeur PowerPC G3 à 233 MHz avec 512 Ko de cache L2, l’écran de 12,1 pouces, les 2 Mo de VRAM… Tout concorde !

Bonjour à toi PowerBook G3 Series “Wallstreet LE” !

Matériel

Le PowerBook est équipé d’un processeur PowerPC G3 cadencé à 233 MHz (vitesse du bus : 66 MHz) avec 512 Ko de mémoire cache L2. Le tout avec 2 Mo de VRAM, 64 Mo de RAM et un HDD de 5 Go.

Au niveau ports, on est sur de l’ADB (l’absence d’USB est typique des Mac “Old-World ROM”), Ethernet, S-Video, VGA,… :

Notons l’absence de cache pour protéger les ports. La souris de la première photo est branchée sur l’ADB.

Pour l’extension, il y a un port PC Card ainsi que deux baies propriétaires. Les périphériques connectés sur les baies peuvent être changés à chaud : batteries, lecteurs CD ou Zip,…

Le lecteur CD a été éjecté à chaud de la baie de droite, avec à côté la batterie retirée de la baie de gauche.

Pour l’écran, on est sur une dalle rétroéclairée TFT de 12,1 pouces :

Fermé, la Pomme sur le capot fait face à l’utilisateur, et est donc “tête en bas” pour la personne en face.
On ne peut pas louper que le Mac utilise un PowerPC ! Le “Wallstreet” est également le dernier PowerBook à avoir une Pomme colorée sous l’écran.

Le PowerBook est doté d’un trackpad mono point et d’un clavier bien rétro en comparaison avec les claviers chiclets que nous connaissons de nos jours :

Le trackpad paraît minuscule par rapport au géant trackpad Force Touch et Multi Touch des derniers MacBook Pro.
Les touches pour régler le son, la luminosité et le démarrage du Mac.

Logiciel

Les PowerBook Series G3 étaient vendus avec Mac OS 8. Ils supportent bien évidemment Mac OS 9.2.2, c’est d’ailleurs l’OS que je laisse d’habitude sur mon PowerBook.

Pour Mac OS X, c’est une autre paire de manches.

Officiellement, Mac OS X 10.0 requiert au moins un PowerPC G3 avec 128 Mo de RAM. Ça, c’est la théorie. Dans la réalité, Il vaut mieux prévoir plus que ça.

Pour la Science (TM) et cet article, j’ai installé Mac OS X 10.0.

L’installateur n’a eu aucune objection pour les 64 Mo de RAM de cette machine. Mac OS X s’est installé sans encombres, mais on sent bien que c’est poussif. Mac OS X 10.0 était d’ailleurs connu pour ses performances bien en deçà de celles de Mac OS 9.

Sur un autre Mac PowerPC dont je parlerai plus tard, Mac OS X 10.0 était déjà douloureux à utiliser. Alors sur ce PowerBook…

Côté firmware, ce PowerBook utilise une implémentation de Open Firmware 2.0.1. Et pour démarrer, il utilise le modèle de l'”Old-World ROM”.

Pour résumer, il y a eu depuis 1984 plusieurs familles de Mac par type de processeurs : les Mac 68k (avec des processeurs Motorola), les Mac PowerPC (qui utilisaient les processeurs PowerPC de l’alliance AIM) et les Mac Intel.

Historiquement, les Mac 68k embarquaient une grande partie de l’OS dans une mémoire morte sur la carte mère (sous forme de socket ou directement soudée). Cette ROM faisait partie intégrante de la plateforme Mac.

Pour la transition des processeurs 68k vers PowerPC, Apple s’est appuyée sur le standard Open Firmware promu par Sun pour le démarrage et la gestion bas-niveau de ses ordinateurs (pensez au BIOS d’un PC pour comparer). Et la façon dont Apple a utilisé Open Firmware a évolué en deux temps, d’abord le modèle Old-World, puis New-World.

Dans le modèle Old-World, les Mac équipés de processeurs PowerPC ont une copie de la ROM sur la carte mère et vue par Open Firmware comme un périphérique (accessible via /AAPL,ROM). La variable boot-device contenue dans la NVRAM a comme valeur APPL,ROM, faisant de facto de la ROM le périphérique de démarrage du Mac. Une fois la ROM lancée, la procédure de démarrage devient identique à celle des Mac 68k.

Dans le modèle New-World, la ROM n’est pas présente physiquement sur la carte mère. À la place, Open Firmware va, sur le périphérique de démarrage contenant Mac OS 8 ou Mac OS 9, charger une image de la ROM (nommée à cet effet Mac OS ROM) dans la RAM de la machine, puis l’utiliser pour lancer Mac OS. La place prise par Open Firmware sur la carte mère est donc réduite à la portion congrue, la ROM physique passant de 4 Mo à 1 Mo. Avec Mac OS X, Open Firmware va directement lancer le bootloader BootX, qui va à son tour charger le noyau XNU et lancer la procédure de démarrage du système, rendant de fait obsolète le principe même de la Mac OS ROM.

La ROM, vue par Open Firmware comme un périphérique.
La variable boot-device a comme valeur /AAPL,ROM. Open Firmware va donc démarrer sur la Mac OS ROM physique.

Pour les Mac avec processeur Intel, le démarrage est assuré par une implémentation du standard UEFI (les Mac Intel conçus entre 2006 et 2009 utilisaient pour leur part une implémentation d’EFI car l’UEFI n’était pas encore finalisé).

En conclusion

En l’état, pour une utilisation purement rétro, le PowerBook G3 s’en tire merveilleusement bien avec les Mac OS classiques. Mac OS 9.2.2 y est à son aise et il est facile de trouver sur les Internets des logiciels à utiliser sur ce système.

Pour utiliser des versions anciennes de Mac OS X (10.0 à 10.4), mieux vaut privilégier des Mac à base de PowerPC G4 avec au moins 256 Mo de RAM. Si le but est de naviguer sur Internet avec, il faudra partir sur du PowerPC G5 avec 1 Go de RAM pour profiter de Mac OS X Leopard et utiliser un navigateur récent et encore maintenu (comme TenFourFox).

By Pierre Blazquez

I mess with computers, drink too much coffee and listen to music at max volume.