Rétro : Power Mac G4 (PCI)


Parce que j’aime bien l’histoire de l’informatique en général et celle d’Apple en particulier, il m’arrive de récupérer d’anciens appareils (surtout des Mac) afin de les conserver et de tester des choses avec. Et donc, pourquoi ne pas faire une série d’articles “Rétro” à leur sujet ?


Aujourd’hui, parlons du Power Mac G4 (graphismes PCI).

Bienvenue en 1999 !

Un brin d’histoire

Prélude
Ouverture facile, comme pour le jambon

En janvier 1999, soit un an après le lancement de l’iMac premier du nom, Apple offre à la gamme d’ordinateurs de bureau Power Macintosh G3 un ravalement de façade avec le Power Macintosh G3 “Blue & White” (nom de code : Yosemite). Ce Macintosh tranchait de son précédesseur par un boîtier en plastique bleu et blanc, des courbes rappelant le tout-en-en ainsi qu’un ingénieux système d’ouverture permettant l’accès à tous les composants internes.

Pour remplacer le Power Macintosh G3, Apple développe un successeur, connu en interne sous le nom de Sawtooth, articulé autour d’un PowerPC G4 et d’une nouvelle architecture. Pour le design, oubliés le bleu et le blanc : Sawtooth dispose du même concept de boîtier que Yosemite mais avec une nouvelle robe couleur graphite, sans doute moins “enfantine” que les couleurs utilisées pour l’iMac qui, lui, vise une cible familiale et privée.

Yikes!

Malheureusement, le projet Sawtooth connaît des retards. Les espoirs sont grands : ce modèle doit inaugurer le nouveau PowerPC G4 dans la gamme d’ordinateurs de bureau ! Dans l’urgence, un second modèle est développé en parallèle : Yikes! (le point d’exclamation fait partie du nom). Ce Macintosh est essentiellement un Power Macintosh G3 disposant d’un PowerPC G4 dans le nouveau boîtier de Sawtooth. D’une conception plus simple, car reprennant l’architecture (et les limitations) du Power Macintosh G3, il devait initialement servir de plan B si Sawtooth ne pouvait pas être produit en masse à temps.

Finalement, Sawtooth sera prêt pour le lancement, et plutôt que de jeter Yikes! aux oubliettes, les deux modèles seront commercialisés en même temps, en août 1999 :

  • Sawtooth, avec sa nouvelle carte mère, son nouveau port AGP ainsi que ses deux contrôleurs USB sera appelé Power Mac G4 (graphismes AGP) avec PowerPC G4 de 450 ou 500 MHz pour le milieu et le haut de gamme;
  • Yikes!, “simple” réemballage amélioré de Yosemite et ne disposant que de ports PCI, sans support de AirPort, sera appelé Power Mac G4 (graphismes PCI) avec PowerPC G4 à 400 MHz pour l’entrée de gamme.
Disparition

En octobre 1999, face aux difficultés de Motorola à fournir ces nouveaux processeurs (IBM refusant de produire le PowerPC 750, vraie dénomination du G4), Apple modifie sa gamme et abaisse les fréquences sans baisser les prix : Sawtooth est disponible en 400 et 450 MHz, et Yikes! descend à 350 MHz.

Finalement, en décembre 1999, Apple retire Yikes! de son offre et le remplace par un modèle Sawtooth à fréquence égale (350 MHz).

Matériel

Équippement
4 ports PCI, dont 1 pour le GPU

Le Power Mac G4 PCI était disponible avec un PowerPC G4 à 400 (puis 350) MHz, de l’USB 1.1, un disque dur de 10 Go, 64 Mo de RAM (max. 1 Go) et une carte graphique ATI Rage 128 avec 16 Mo de VRAM sur un port PCI dédié à 66 MHz (contre 33 MHz pour les autres).

Le modèle dont je dispose a vu son disque dur changé pour un modèle à 120 Go, avec 768 Mo de RAM et une carte PCI pour ajouter 5 ports USB 2.0 (le luxe !).

Comme le Power Macintosh G3 dont il dérive, et contrairement au Power Mac G4 AGP, il n’y a pas de support de AirPort. La connexion réseau se fait donc soit par Ethernet 10/100, modem, ou une carte Wi-Fi tierce.

Ça s’active !

Fait intéressant : la carte mère dispose de plusieurs boutons et diodes d’état. Ainsi, il est possible de réinitialiser la PRAM ou de démarrer le Mac depuis ces boutons. La diode près des boutons indique si la machine est en route, celle à côté des connecteurs ATA indique l’accès aux disques et celle près du CPU indique l’activité de ce dernier.

Le jumper, indiqué par la flèche

Autre fait intéressant : le contrôle de l’alimentation du CPU est assuré par un jumper situé à côté du socket : en modifiant sa configuration, il est facilement possible d’overclocker le PowerPC G4. C’est comme ça que mon Power Mac est passé de 400 MHz à 450 MHz :).

Open Firmware
La BootROM

Sa ROM est de type New World (le code d’initialisation de la machine est lue depuis un fichier et chargée en RAM plutôt que lue sur une ROM distincte).

Cependant, comme sur le Power Macintosh G3 et contrairement à son cousin avec graphismes AGP, l’Open Firmware du Power Mac G4 PCI ne peut pas booter depuis un périphérique USB et ne dispose pas du sélecteur de boot au démarrage (appui sur ‘alt’ avant le bong, comme les Mac Intel).

De mémoire, il est possible de démarrer manuellement sur un autre périphérique depuis le shell de l’Open Firmware, au moins sur un CD : il m’est déjà arrivé d’avoir des CDs sur lesquels je ne pouvais pas démarrer en maintenant ‘C’ enfoncé, mais que je pouvais utiliser avec la commande ‘boot’. Peut-être que ça marche aussi avec l’USB, mais je ne me rappelle pas avoir essayé.

Logiciel

Mac OS

Livré avec Mac OS 8.6, il s’accomodera très bien de la lignée complète des Mac OS classiques jusqu’à Mac OS 9.2.2, même avec ses 64 Mo de RAM d’origine.

Mac OS X

Officiellement, avec un peu de RAM en bonus et un disque dur de plus grande capacité, le Power Mac G4 PCI peut monter jusqu’à Mac OS X Tiger 10.4.11.

Attention cependant : les 450 MHz maximum du PowerPC G4 limiteront sérieusement les capacités de l’OS. De même, la ATI Rage 128 le prive de Quartz Extreme.

Contre un PowerPC G4 plus performant (1 GHz pour la tranquilité, mais 768 MHz minimum) et une carte graphique avec support de Quartz Extreme (il existe une version de la ATI Radeon Pro Mac Edition en PCI), il doit être possible de monter officieusement jusqu’à Mac OS X Leopard 10.5. Mais là, c’est la vitesse du bus (100 MHz) qui risque de limiter les possibilités…

En conclusion

Mis à part son histoire intéressante, le Power Mac G4 PCI n’a pas beaucoup d’avantages aujourd’hui pour qui serait tenté d’acquérir un Mac vintage pour lancer de vieux logiciels ou jeux : sauf pour Mac OS 9, autant miser sur un Power Mac G4 plus récent : au minimum le Gigabit Ethernet, et au mieux le Mirrored Drive Door.


Pour aller plus loin

Ce post est une vulgarisation concernant des technologies que j’ai appris à utiliser au fil des années. Des détails techniques ont été omis ou résumés pour en faciliter la compréhension. Pour en savoir plus, voici une liste de publications qui entrent dans le détail des informations évoquées :

By Pierre Blazquez

I mess with computers, drink too much coffee and listen to music at max volume.